Le figaro: L'artisanat d'art, une espèce à proteger.

 

Johann Rupert, président des sociétés duluxe Richemont et Franco Cologni ,qui fut lui aussi un personnage clef du groupe Richemont,sont sous le choc quand ferme, à Milan, la boutique iconique des Lorenzi. Leur magasin, spécialisé dans la décoration, proposait des accessoires de table, de beaux couteaux en corne... Des trésors issus d'un savoir-faire artisanal. Pour les deux hommes, le constat est douloureux: l'artisanat d'exception n'est pas désirable pour la jeune génération, même si les choses sont en train d'évoluer. « C'est normal, le véritable ennemi des métiers d'art, c'est l'ignorance, s'insurge Alberto Cavalli , codirecteur exécutif à la Fondation Michelangelo. Si on ne connaît pas, comment comprendre la beauté de ces objets? Les artisans ont un vrai problème de visibilité.» :A travers la Michelangelo Fondation for Creativity et Craftsmanship, Rupert et Cologni vont tout mettre en oeuvre pour s'attaquer au problème. Exposition à dimension internationale organisée à Venise, «Homo Faber» est la première illustration de leur propos.Sa mission est de faire apprécier le meilleur de l'artisanat européen au filde 500 oeuvres émanant de 150 artisans. « Nous ne voulions pas organiser un salon commercial, il en existe déjà, ni produire une encyclopédie du craft mais mettre sur pied un événement culturel qui offre une vision de la diversité de cet univers», poursuit Alberto Cavalli. Trois années seront nécessaires pour faire aboutir le projet, aller au devant des artisans, dénicher des perles rares comme ce sellier, installé au fin fond de la Magnésie,en Grèce,quiréa- lise des selles sur mesure pour les ânes et les mules.

La Fondazione Giorgio Cini, sur l'île San Giorgio Maggiore, face à la Sérénissime, seize espaces au sein des galeries de la fondation, du cloître, des bibliothèques et même du côté de la piscine construite dans les années 1960 - consacrés chacun à une discipline accueilleront, du 14 au 30 septembre,les productions de ces artisans que le visiteur verra également en action, pour certains d'entre eux. De la réalisation d'une bicyclette sur mesure à celle d'éventails en plumes en passant par le travail du bronze,la fabrication de souliers pur luxe, la ciselure du bois, la broderie, le soufflage et la gravure du verre, la naissance d'une gondole. (Venise oblige)... Autant d'occasions d'aller à la rencontre des hommes de l'art, toucher du bout du doigt leur sa- voir-faire. «L'objectif d'"Homo Faber" est de montrer au plus grand nombre ce que la main fait mieux que la machine. Cette narration en plusieurs chapitres devrait permettre à tous de s'émerveiller, de ressentir une émotion. Sans aucune nostalgie, l'intention étant de projeter l'artisanat d'art dans la modernité.» Pour preuve,la sélection de vases em- blématiques qui montre l'évolution du design au fil des décennies, les huit oeuvres issues de binômes designer- artisan, celles qui lient l'artisanat d'art et le monde du luxe contemporain. Ce n'est donc pas un hasard si la mise en scène de chacun des seize espaces a été conçue par des architectes de re- nom comme Michele de Lucchi et Stefano Boeri, l'architecte d'intérieur India Mahdavi, Judith Clark, une spécialiste de la mode, le galeriste Jean Blanchaert, commissaire de l'exposition «Best of Europe»,entre autres. Au-delà de l'événement,le recense- ment des talents effectué par la Michelangelo Foundation devrait devenir un formidable outil pour les professionnels à travers une plateforme interactive qui facilitera la mise en relation entre architectes, designers et artisans d'art.

Di CATHERINE SAINT-JEAN, Le Figaro E-press

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